Notre capitaine Boïba Sissoko a dit au revoir à l’US Créteil il y a quelques semaines. L’occasion de revenir avec lui sur ses années au club, riches en émotion.
On a essayé. On a vraiment essayé de faire court. Mais évoquer la ville de Créteil, son club aussi, avec Boïba Sissoko, c’est comme ouvrir un livre dont on ne sait pas quand il se termine, mais dont on sait que les chapitres sont nombreux. “Faut dire que bon, Créteil, ça a été une grande partie de ma vie” rigole notre désormais ex-capitaine, qui mettra les voiles vers Nîmes dans quelques jours. “Je n’ai jamais ressenti le besoin de partir jusqu’à maintenant. Parce que j’étais bien dans cette ville, bien dans ce club. Je voulais faire mes armes, avoir un rôle ici avant de, peut-être, songer à m’en aller” continue-t-il.
En tant que Bélier, Boïba aura tout connu. Chez les jeunes, d’abord, alors qu’il a débuté le hand en suivant son frère. Chez les plus grands, ensuite, franchissant toutes les étapes jusqu’à devenir capitaine de l’équipe fanion. Comme une juste récompense pour un joueur qui n’aura jamais lésiné sur le travail pour parvenir à ses fins. Issu d’une génération dorée, aux côtés de Hugo Descat, Quentin Minel et Nédim Rémili, Bobo a mis plus de temps à arriver à la lumière. “Ces gars-là, ils étaient faciles. Je regardais Hugo, il faisait des trucs de fou naturellement, moi c’était différent. J’ai bossé encore plus fort que les autres pour y arriver, parce que je n’avais pas forcément le don qu’ils avaient” se souvient-il.
Plus petit, moins baraqué que les autres, Boïba a du se frayer un chemin pour arriver au sommet. Mais son intégrité et sa capacité de travail lui ont rendu maintes fois des services sur le terrain. En dehors, c’est surtout sa bonhommie qu’on retiendra. Des -12 ans aux seniors, notre ex-capitaine a toujours fait l’unanimité. “J’ai été élevé comme ça, dans le respect et la bienveillance de l’autre. Mais il faut reconnaitre qu’ici, tous les gens que j’ai croisés ont toujours été bienveillants avec moi. De Roger Darthout, mon premier entraineur, aux supporters, aux employés du palais des sports, ils ont toujours eu un mot sympa, un sourire. Alors forcément, ça te donne envie de te défoncer tous les jours.”
Cet attachement au club, tous les supporters ont pu s’en rendre compte quand Boïba Sissoko a fait ses adieux au Palais des Sports. Des larmes, il y en a eu, pour conclure une journée définitivement pas comme les autres. “Quand j’ai vu toute ma famille entrer, pendant l’échauffement, le fait qu’il se passait quelque chose m’est revenu en tête. J’avais beaucoup pensé à cette journée mais là, je me suis dit : ça y est, on y est.” Et personne n’a pu contenir son émotion lors de la cérémonie d’au revoir. “C’était la première fois que je voyais mon papa pleurer, c’était spécial. Rien que d’en reparler, ça me prend. On ne parle pas beaucoup dans la famille, on est pudique vis à vis des émotions. On ne s’est rien dit ce jour-là, mais des fois, y’a pas besoin” continue Boïba.
Le désormais Nîmois sera sur les dents cette semaine quand le calendrier 2022/23 sortira, histoire de programmer les retrouvailles avec ses anciens coéquipiers. “Franchement, je suis dégouté de ne pas pouvoir être sur le terrain pour le match aller. Je me faisais déjà une joie de revenir ou même de vous battre à Nîmes” rigole-t-il. Un rire, comme pour cacher l’émotion de quitter un club qui l’aura vu grandir au point d’en faire un joueur, et une personne, d’une grande valeur. Et qui manquera, c’est une évidence, à chaque personne qui passera les portes du Palais des Sports. Les séances de selfie à rallonge, les questions aux uns et aux autres pour savoir l’humeur du moment, c’est maintenant de l’histoire ancienne. Boïba a cette capacité à être si disponible pour les autres qu’on finit par se demander si ce n’est pas usant d’être lui…“Pas du tout, en toute sincérité. Si on peut rendre au public ce qu’il nous donne avec un mot sympa ou une photo, c’est normal. On est payé pour jouer au handball, on peut prendre cinq ou dix minutes pour aller saluer le public.”
Ceci dit, c’est le moment des remerciements. Prenez une respiration, Boïba a préparé une liste ! “Tout le monde dans les bureaux, Ludovic, Yannick, Marie, Pascal, Gatien qui est devenu mon agent, mes anciens entraineurs, Kamel, qui a été un deuxième père pour moi, Eric, on pourrait écrire un article avec leurs noms…Un grand merci. Ils ont été d’une bienveillance rare avec moi, et j’en suis très, très, très reconnaissant” Ce qui va lui manquer ? “Ma famille, évidemment, je ne les verrai plus autant qu’avant. Mes coéquipiers, ma routine, de venir ici pour l’entrainement, le club en général…” Il arrête là, en s’excusant presque d’en oublier certains.
Pour nous, tout est plus simple. Merci pour tout Boïba, et à très vite !