Passer un quart d’heure avec notre pivot croate Ante Babic, c’est l’assurance de passer un bon moment. Le voilà qui arrive, avec la barbe taillée à la perfection. “Je l’ai fait ce weekend, j’ai eu ma mère en visio ce weekend, elle m’a dit que je ressemblais à un clochard alors j’ai pas eu le choix” éclate de rire notre Croate, arrivé en cours de saison dernière. Et c’est comme ça qu’il s’assoit pour nous raconter son histoire.
Le handball, si Ante s’y est mis, c’est avant tout une question de physique. “J’ai commencé le football, mais comme j’étais trop gros, je galérais. J’ai essayé le hand et, le premier jour, j’ai vu que c’était plein de gros comme moi, alors j’y suis resté” raconte-t-il. Son frère, plus âgé de trois ans, joue toujours dans son premier club, à Osijek. Ante, de son côté, a rapidement mis les voiles. Dubrava, à 18 ans, avant de partir pour la Slovaquie, et Presov, trois ans plus tard. “Je pouvais jouer la Champions League toutes les semaines, jouer beaucoup et progresser, pour moi, c’était une véritable opportunité.“
Tout ne va, cependant, pas se passer comme prévu. L’éloignement de la famille, des relations compliquées dans l’équipe, les deux années passées au Tatran ne sont pas toujours une sinécure. “Mais à chaque moment difficile, je me disais qu’il ne fallait pas être un lâche, qu’il fallait lever la tête et continuer d’avancer, c’est avec cette mentalité que j’ai été élevé” se souvient notre Bélier, qui n’hésite pas au moment où Créteil appelle.
En France, il fait rapidement son trou, bien aidé par sa pratique parfaite de l’anglais et son bon sens de la camaraderie. Même si, encore une fois, tout n’a pas été simple. “Ca a toujours été compliqué pour moi d’être loin de mes parents, et en France, j’ai encore moins l’occasion de rentrer. Je sais que ma mère est assez triste qu’on se voit moins, mais elle ne le dit pas. Je sais que c’est mon boulot, mais des fois, j’aimerais bien voir ma famille un peu plus souvent.”
Alors, pour tromper l’ennui, Ante se plonge dans ses études. Pour assurer son après-carrière, “mais aussi parce que j’aime ça”, notre Croate prépare un MBA qu’il devrait avoir fini fin 2022. Un travail de longue haleine, mais qui lui tient particulièrement à coeur. “Pour moi c’est important, car je sais que le handball finira un jour, et je ne suis pas Nikola Karabatic, je devrai travailler quand ça sera fini. Il y a des jours, je n’ai pas envie de bosser, mais j’ai quelqu’un qui m’aide ici !”
Et ce quelqu’un, c’est notre autre Croate, Bruno Butorac. Les deux garçons évoluent dans leur troisième club ensemble, et ont forgé une vraie relation d’amitié. “On n’a jamais fait exprès, c’est juste une coincidence. Lui aussi prépare un diplome, alors c’est plus simple de se motiver quand on est deux” sourit Ante. Qui tient quand même à souligner que, contrairement à certains autres handballeurs des Balkans, il tient particulièrement à bien s’entendre avec tout le monde. “Dans certains clubs, tous les Yougos restent ensemble, mais moi, je suis pote avec tout le monde. La saison passée, j’étais le seul Croate, et j’étais super heureux. Le hand, pour moi c’est ça, partager des émotions avec tout le monde, quelles que soient nos origines.”
Et cette ouverture d’esprit, on le retrouve d’ailleurs dans les menus que notre Bélier aime se concocter sur ses journées de repos. Entre saucisses croates que sa mère lui envoie par colis (“franchement, il n’y a rien de meilleur que les repas de ma mère”) et pâtes à la bolognaise faites maison, il n’y a pas de place pour les fast-food chez Ante Babic. Normal, me direz-vous, pour un joueur issu d’une famille de sportifs, dont le papa était boxeur professionnel en Croatie. D’ailleurs, notre joueur préfère regarder la boxe que le handball à la télévision…Quand on vous dit que notre Bélier a l’esprit ouvert !