A l’occasion de la “Journée Internationale de la Femme”, le 8 mars, nous sommes allés à la rencontre de la jeune handballeuse toulonnaise Astrid N’GOUAN, elle qui a débuté le handball à… Créteil grâce au Macadam Hand. Son approche du handball, sa place de femme dans ce sport,… découvrez un peu plus cette pivot de 23 ans.
A 15 ans, on ne s’imagine pas joueuse de handball de haut féminin. Surtout lorsque l’on habite en région parisienne, que ses copines ne raffolent pas forcément du sport. “Au collège ou au lycée, généralement, les filles n’aiment pas trop faire du sport, nous confirme Astrid. Je pense que c’est d’ailleurs, de plus en plus vrai, surtout pour des sports pour lesquels on utilise les mains et qui pourraient leur casser les ongles. Quand j’étais jeune, je n’aimais pas joué avec les filles parce qu’elles sont trop chochottes“. Elle le dit avec le sourire mais ces idées-là, elle en est loin, depuis longtemps. Arrivée au handball par le Macadam Hand de Créteil, celle qui deviendra pivot est repérée par l’US Créteil Handball, notamment Olivier VALET, actuel accompagnateur au Minihand et des -18 (2) “Lorsque j’ai découvert le handball, je me suis dit : “mais il est trop facile ce sport, il n’y a qu’à jeter le ballon dans les cages”. On m’a répondu “fais-le si c’est si facile que ça”. J’ai donc commencé ce sport et Olivier m’a beaucoup aidé en me soutenant, et encourager à poursuivre dans les stages, les sélections. Il m’a vraiment poussée parce que je ne voulais pas partir en stage pendant les grandes vacances et qu’il m’en a montré l’intérêt. Il entraîne d’ailleurs mon petit frère. Je me souviens de ma première paire de chaussures, elle m’avait été offerte par Benjamin PAVONI“.
Au final, elle ne jouera qu’un an avec le maillot des Ciels et Blancs avant d’être recrutée au pôle de Châtenay-Malabry. D’abord en équipe avec Noisy (D2 et N3), elle finit par rejoindre Issy-Paris (LFH), club avec lequel durant quatre années, elle découvrira le haut niveau. “Mon meilleur souvenir handballistisque, je l’ai avec Issy-Paris, nous confie Astrid. La demi-finale retour de Coupe d’Europe il y a deux ans à Rostov m’a beaucoup marquée. Elles voulaient nous mettre la pression en nous recevant dans une ambiance de folie, avec entrée sous le feu,… Le match a été un combat de tous les instants. Je me souviendrai toujours de ce match. j’ai joué là-bas avec“.
En début de saison, c’est pour la première fois de sa jeune carrière qu’elle joue hors région parisienne, à Toulon Saint Cyr. Une “bonne expérience” pour cette jeune femme très attachée à sa terre natale et surtout sa famille, qui aime ce sport parce qu’elle “aime beaucoup les sports collectifs, de combat. Le handball est également très axé sur le mental“.
L’année dernière, lors d’une venue au Palais des Sports, elle a reçu des mains des dirigeants de l’USCHB, le maillot de l’équipe masculine à son nom. “J’en suis très fière“, assure la toulonnaise qui suit de près les résultats des Ciels et Blancs. Astrid est d’ailleurs une assidue du handball masculin, davantage exposé que le handball féminin. “Les hommes bénéficient des résultats des Experts, explique la n°6 du Toulon Saint-Cyr Var Handball qui a porté le maillot tricolore. Il nous faudrait une nouvelle grande performance des Bleues“. C’est donc compliqué pour les femmes d’exister médiatiquement, mais pas que. Les femmes ont d’autres problèmes que les hommes, ce qui ajoute des difficultés à la pratique du sport de haut niveau. “En tant que femme sportive, nous devons faire davantage attention à notre alimentation pour pouvoir suivre le rythme. Après, arrivé un certain âge, lorsqu’une femme envisage d’avoir un enfant, cela met sa carrière entre parenthèses“. Une problématique naturelle que les hommes n’ont forcément pas. “Je pense que ce n’est pas toujours simple de revenir au top après, tout comme pour des blessures. Lorsqu’un sportif se fait une rupture des ligaments croisés, un homme récupérera plus rapidement qu’une femme. Le garçon va bien prendre la chose alors que la femme va se mettre dans tous ses états (rires)“. L’aspect physiologique apporte donc une difficulté supplémentaire aux femmes, dans leur pratique du sport de haut niveau.
Et la féminité dans tout ça ? Comment rester femme lorsqu’on pratique du sport à haut niveau ? Pour Astrid, le handball bien que sport masculin, “n’est pas aussi physique pour les femmes parce qu’on n’a pas les mêmes corps“. Et c’est peut-être là que la féminité persiste. “Mais c’est important je trouve, que les sportives soient assez femmes en dehors du terrain. Surtout lorsque l’on fait un sport aussi masculin. T’es en short avec un tee-shirt un peu large bien qu’en taille femme. Ce n’est pas comme au volley avec des petites jupettes. Et puis, tu donnes des coups, tu en reçois. Donc quand on sort du terrain, c’est important pour nous qu’on ne nous voit pas comme des brutes“. Mais rassurons Astrid, les spectateurs du handball féminin ne voient pas les joueuses comme cela.
Astrid jouera pour son prochain match de championnat à Nantes avec son équipe. En attendant, elle a promis de passer au Palais des Sports. “Je pense que je serai là pour le match de Coupe de France contre le Paris Saint-Germain Handball“. Et on l’accueillera avec plaisir.