Aujourd’hui, USCHB.fr vous propose de voir de plus près le rôle d’un des acteurs de l’US Créteil Handball, l’entraîneur des gardiens Ermin Velic*
Vela, quel est ton rôle au sein de l’US Créteil Handball ?
Je suis entraîneur des gardiens de l’équipe professionnelle et je suis entraîneur des gardiens de toutes les catégories. Je m’occupe autant des –16, que des –18.
Cela fait quatre ans que je suis au club. A l’époque, mon ami Mile Isakovic avait fait appel à moi. Mon but était de développer une véritable politique d’entraînement de gardiens de but.
Dans l’équipe première, il y a trois gardiens. Comment fait-on pour passer d’un joueur à un autre, pour entraîner un joueur comme Dragan Jerkovic avec l’expérience qu’il a ainsi que Jérémy Hakkar et Jordan Baptiste qui sont encore en apprentissage ?
Cette question touche un réel problème. Les différents gardiens de l’effectif demandent des approches différentes d’entraînement avec un mental et un physique différent. Sachant également que ces gardiens peuvent aussi se placer comme gardiens de l’équipe réserve en Nationale 2.
Dragan avec sa maturité de 35 ans, je ne crois pas qu’il faut trop entrer dans son entraînement. C’est un gardien exceptionnel qui apporte beaucoup à Créteil. Mes soucis se portent davantage sur les deuxième et troisième gardiens pour l’avenir proche, même si Dragan Jerkovic restera au minimum trois ans à l’US Créteil Handball. A mi-saison et après 13 matches, je vois que Dragan Jerkovic a joué tous les matches et je me pose la question de savoir ce que l’on va faire l’année prochaine. Et est-ce que Jordan que tout le monde estime, moi y compris avec un peu plus de prudence, pourra-t-il assurer un rôle de deuxième gardien ? La question se pose d’autant plus au niveau de la LNH. Je pense que pour l’année prochaine et pour les deux premières équipes, il nous faut prendre un nouveau gardien. Tout dépend des résultats de l’équipe et des volontés de l’entraîneur qui peuvent ne pas être les mêmes. Je trouve que l’on n’a pas été assez vigilants par rapport à des gardiens qui sont malheureusement partis.
Avec son expérience, responsabilises-tu Dragan par rapport à un rôle éventuel à jouer dans l’apprentissage des autres gardiens ?
Pour l’instant, il est très disponible. Il s’associe très volontiers au travail des autres gardiens. Je ne lui demande rien parce que je trouverai cela déplacé que de lui demander de changer maintenant, sa façon de faire qui est très bonne. Il a su s’intégrer parfaitement dans cet effectif, avec ses partenaires. Par exemple, au niveau des relations d’un gardien avec ses joueurs, Yassine qui est un gardien formidable avec beaucoup de talent, n’a pas su avoir des relations aussi positives que Dragan. Il était plutôt néfaste et il est resté isolé. Un gardien est individu qui doit adhérer sur le plan collectif, et pas l’inverse. S’il ne comprend pas cette relation, quelque soient ces aptitudes physiologiques, son talent, il ne sera jamais bon gardien, à mon avis.
Entraîner les gardiens amène forcément à s’intéresser à la défense. Es-tu amené à parler avec les joueurs de la défense ?
Je ne suis pas tout seul. Chaque gardien évolue plus ou moins bien selon un type de défense, aplatie ou plutôt une défense étagée. Mais je préfère parler des jeunes gardiens, des relations entre entraîneurs majeurs et les gardiens. Et ce n’est pas pour valoriser mon poste mais nous avons besoin d’un expert en gardien. Parce que tout d’abord, nous n’avons pas de temps. Pendant un entraînement, l’entraîneur interrompt le gardien car il a besoin d’un gardien dans la cage. Mais le gardien a besoin d’un entraînement spécifique, avec notamment un travail sur le placement qui n’est pas le même que celui d’un joueur de champ. Il faut aussi l’intégrer en tant que personne dans sa propre équipe. Il ne faut pas que le gardien voit son équipe comme son adversaire, ni qu’il croit qu’à chaque fois qu’il arrête une balle, il a gagné.
Nous avons deux trois gardiens prometteurs au niveau des jeunes. Le travail avec les jeunes n’est pas le même. La partie psychologique est très importante. A 14 ans, un jeune demande à jouer gardien. C’est souvent vers cet âge-là que le changement se fait. Un gardien arrive à maturité, un peu plus tardivement qu’un joueur de champ, vers 25-26 ans. Il a besoin de beaucoup plus de matches, de confirmation de travail. Il a besoin de passer par l’échec, de se poser des questions. Tout cela pour établir sa propre façon de goaler.
*Ermin VELIC : gardien de but de l’US CRETEIL HB de 1989 à 1994, Vice-Champion du Monde en 1982 et Médaillé Olympique de Bronze en 1988 à Séoul