Rencontre avec Jean-Marc Laborderie, le monsieur médical de l’US Créteil Handball qui officie également au Racing Club de Lens en Football ainsi que consultant pour RTL.
En quoi consiste ton travail au sein de l’US Créteil Handball?
Je travaille avec le club de l’US Créteil Handball depuis au moins vingt ans. Je suis coordonnateur, formateur des médecins que j’ai moi-même mis en place ici. J’aide techniquement tous les lundis à voir les blessures et bobos du weekend.
Je n’ai pas la possibilité d’être présent sur toute une semaine alors j’ai préféré mettre en place des médecins du sport que je forme et qui n’ont pas forcément l’expérience du terrain que j’ai acquise. Ils se complètent puisque chacun a une compétence différente. Pour ma part, je suis traumatologue à la base.
Quelle est donc ton expérience?
J’ai commencé ici en 1989 avec des joueurs comme Marc-Henri Bernard, Christophe Esparre et Kamel Remili. J’ai ensuite travaillé pour les équipes de France de Hockey (trois coupes du monde), puis avec l’US Créteil Football aussi. J’ai également travaillé avec le Brésil à la Coupe du Monde en 1998, les équipes de France Jeunes de football. J’ai été embauché par Festina Cyclisme après toutes les affaires que l’on connait, en 1998. Puis, j’ai intégré le staff technique du Racing Club de Lens pour lequel je travaille toujours. Et à côté de cela, j’ai une société qui gère la formation des cadres autour des sportifs professionnels. Cela ne sert pas à les aider à faire des diagnostics. Ils savent les faire puisqu’ils sont médecins. Il s’agit plutôt de leur apprendre l’adaptation au terrain avec l’aspect psychologique qui est très important.
Cet aspect psychologique est bien présent dans ton travail ici…
Oui. Il y a d’abord cet aspect technique dans mon travail, par rapport à la traumatologie. Mais il y a ensuite dans toutes les consultations que l’on a, une grande vigilance sur l’aspect psychologique du joueur. Je regarde son attitude, les gestes qu’il a, son regard, les mots employés. Et en fonction de son comportement, je vais employer des mots plus positifs pour essayer justement de positiver tout cela. En vingt ans d’expérience, j’ai pu côtoyer différents types de personnes. Et je pense que ce travail psychologique est tout aussi important que la technique pure.
Avec l’ensemble du staff, nous devons travailler sur la même longueur d’onde et avoir le même discours de façon à ce que le joueur ne soit pas amené à se dire : “Tiens, je vais choisir le discours qui me plait le plus”. Il faut qu’il y ait une ligne de conduite. Comme ça, le joueur se sent rassuré et est en général, plus performant.
Donc la fonction est large, elle va au-delà du médical.
Par rapport à ton travail au RC Lens, quelles sont les blessures que tu peux retrouver?
Au Handball, nous avons beaucoup de pathologies au niveau des membres supérieurs puisque c’est surtout au niveau du tir. Sinon, c’est similaire au niveau des membres porteurs parce que c’est un sport d’appui, de changement de direction, d’intensité à intermittence. Donc pour tout ce qui est membres inférieurs, on peut retrouver les mêmes pathologies.
Après, avec le football, nous avons les crampons qui fixent parfois les membres au sol et qui peuvent donner des pathologies particulières un peu plus importantes.
Au Handball, les pathologies récurrentes se situent aux épaules. Le dos est plus fréquemment touché parce que l’on joue sur sol dur. Il faut un gainage important pour mieux maintenir le rachis, afin d’avoir moins de pression. Et c’est au football qu’il y a plus de douleurs musculaires.
Au niveau des installations, quelles sont les différences entre le football à Lens et le handball à Créteil?
Au football, nous avons un groupe entre 25 et 28 joueurs. Ici, c’est un groupe de 16 joueurs donc à Lens, j’ai un groupe beaucoup plus étoffé.
En ce qui concerne les installations, cela n’a rien à voir parce que nous avons un centre de formation complètement dédier à l’entraînement des joueurs, à la partie physique avec une super salle de musculation, à la partie médicale avec du matériel qui n’a rien à voir avec ici. Le football n’a pas les mêmes moyens que le handball. De toute façon, la médecine, ça ne reste que du diagnostic où il suffit d’avoir ses mains, des articulations à tester et l’aspect relationnel. Si nous voulons aller plus loin pour la prévention et les soins, nous nécessitons effectivement plus de matériel. Mais le handball n’a pas cette économie pour l’instant. Il faut s’adapter mais on s’en sort très bien. La qualité est d’abord dans les compétences des médecins.
Quelles relations entretiens-tu avec le staff technique qui est plus au quotidien avec les joueurs?
J’essaie de faire le trait d’union entre le staff médical et le staff technique. Pour ce qui est du quotidien du joueur, c’est une demande que j’ai d’être tenu au courant de ce qu’il se passe afin d’anticiper. Je reste joignable au téléphone. Lorsqu’il y a un joueur un peu trop en retrait ou trop mis en avant, il faut savoir pourquoi parce que l’excès n’est pas une bonne chose en soi.
Je connais très bien Christophe Esparre et cela aide notre travail. Il y a un respect mutuel. Je sais ce qu’il a été en tant que joueur, entraîneur, en tant que personne je le connais bien. Il a une vue autre qu’un préparateur physique qui n’a fait que ça, pareil pour le fait de ne pas être qu’entraîneur. Il est ouvert parce qu’il est aussi prof à Staps. Donc cela aide pour que tout se passe bien entre nous. La communication est hyper importante entre tous les membres du staff.