Les habitués du Palais des Sports pourraient, finalement, avoir eu la mauvaise impression. Notre pivot Valentin Aman ne serait pas qu’un combattant hors pair capable de se faufiler au milieu des défenses pour inscrire des buts. Non, il y a bien plus que ça sous la carapace. On le savait depuis quelques temps, Val’, son dada, c’est la pêche. “J’étais inscrit à l’école de pêche quand j’étais petit. À Sélestat, ça nous arrivait régulièrement de prendre le matos et d’aller au bord d’un étang à six ou sept” se souvient l’Alsacien de naissance. “C’était de vrais moments de détente et de convivialité. On y passait la journée, on faisait un barbecue le midi, ça permettait de déconnecter complètement du handball.”
L’habitude, malheureusement, n’a pas résisté à l’arrivée en région parisienne, que notre pivot a rejoint en 2013. “J’avoue que ça me manque un peu, mais dès que je retourne en Alsace, je vais en forêt. C’est fou ce que tu peux voir si tu prends juste le temps de te poser” continue Val’. Pour essayer de se reconnecter avec la nature, il n’est pas rare, pendant les vacances, de le voir courir quinze ou vingt bornes en montagne. Juste histoire de se détendre. Une passion relativement récente. “Je m’y suis mis pendant le confinement, parce qu’il n’y avait rien d’autre à faire. Et c’est vite devenu une drogue, je ne pouvais plus faire sans mes vingt bornes. Je me suis calmé un peu parce que ce serait bête de se blesser, mais faire des trails, je suis chaud !”
Est-ce grâce à cette nouvelle idylle avec la course à pied que Valentin Aman pointe parmi les meilleurs buteurs du championnat ? Ce fils de handballeur, qui a commencé à 7 ans, n’est pourtant pas né de la dernière pluie. Si le grand public découvre notre pivot, cela fait pourtant un bout de temps qu’il arpente les terrains de France et de Navarre. “C’est marrant que tout le monde apprenne que j’existe, alors que j’ai l’impression de faire toujours plus ou moins la même chose. Ce sont les circonstances qui font que, cette saison, je marque beaucoup de buts et donc que je suis dans la lumière. Mais je suis le même qu’à Pontault ou même que la saison passée” explique celui qui est devenu Bélier en 2018.
Alors les trois nominations pour le titre de Joueur du Mois, dont la dernière en mars, cela semble ne pas l’inquiéter plus que ça. “C’est valorisant, mais je ne me focalise pas dessus. Je n’ai pas créé vingt comptes pour bourrer les urnes !” il rigole. “Si ça vient, c’est top, mais si ça se fait pas, je dormirai la nuit quand même. Je le prends aussi comme une récompense des bonnes performances de l’équipe.” (NDLR : Valentin a remporté l’élection du Joueur du Mois de Mars).
Le Strasbourgeois d’origine est en tout cas en train de récolter les fruits de son dur travail, lui qui est passé successivement par le centre de formation de Sélestat, les équipes de France jeune et junior, avant de mettre le cap sur Pontault-Combault en 2013. “Je ne regrette pas mon départ. À 21 ans, j’ai pris mon sac à dos tout seul, et ça m’a permis de grandir, dans tous les sens du mot. Tout n’a pas été simple, mais je suis toujours resté concentré sur l’objectif.” Quand on voit où le travail l’a mené, on se dit que notre Valentin national a encore de beaux jours devant lui…