Afin de fêter la Journée de la Femme à notre manière, nous vous proposons de connaître un peu mieux un membre de l’US Créteil Handball, Patricia Girard.
Patricia Girard, pour ceux qui ne te connaissent pas, peux-tu te présenter?
Je suis une ancienne athlète, ancienne médaillée olympique aux Jeux Olympiques d’Atlanta en 1996 aux 100m Haies et championne du monde avec le relais 4x100m à Paris en 2003.
Tu as un donc un gros palmarès derrière toi…
Oui (rires). Je cite les principaux titres mais ma carrière a été longue et j’ai eu la chance de gagner beaucoup de titres (NDLR: 2 fois Championne d’Europe en salle, plusieurs podiums aux Champions du Monde, 7 fois Championne de France du 100m Haies,…).
Quelles sont tes fonctions au sein de l’US Créteil Handball?
Je fais un peu de tout (organisation, logistique, secrétariat, planification de matches,…). Lorsque l’on travaille dans un club comme celui-ci, il faut savoir tout faire et ça me plait parce que pendant ma carrière, je n’ai pas eu le temps de faire autre chose que de l’athlétisme. Au sortir de tout ça, ça me plait de toucher un petit peu à tout.
Y’a-t-il eu un temps d’adaptation entre ta vie professionnelle de sportive en extérieur avec l’athlétisme et derrière un bureau avec l’US Créteil Handball?
Disons que c’est le parcours plutôt “normal” de tout sportif qui arrête sa carrière. je n’avais pas trop l’envie de me lancer tout de suite dans la vie professionnelle parce que j’ai bien géré ma carrière et l’après. Mais pour moi, c’était un équilibre de retrouver une équipe professionnelle comme celle de l’US Créteil, que je connaissais. En effet, le handball a été ma première passion. Et en fait, cela s’est fait automatiquement, j’ai eu cette proposition là et j’ai accepté volontiers d’intégrer l’équipe.
Et donc tu as fait du handball…
J’étais jeune. J’ai vécu ma première passion entre 15 et 18 ans.
Ce n’était donc pas à un petit niveau…
Ah non, je prenais cela très au sérieux. Je me rappelle à l’époque que le coach disait que j’étais très douée. Et que je serai une arme fatale pour le handball féminin. C’était dommage parce que j’avais de grosses qualités, j’étais rapide et puissante. Mais il a préféré me voir évoluer dans l’athlétisme parce que je courrai trop vite sur le terrain. (rires)
Mais cela a été une bonne chose qu’il me dirige vers l’athlétisme parce que cela a tout de suite fonctionné. Mais j’avais un petit pincement au coeur de quitter l’équipe. A l’époque, j’étais à l’US Créteil et l’équipe féminine n’a pas tenu. Il n’y a plus eu d’équipe de filles. Cela a été une grosse équipe. Nous étions allées jusqu’aux Championnats de France je crois. Et donc j’ai changé d’orientation.
Et là, tu t’es mise à l’athlétisme. Cela a tout de suite été les haies?
Non du tout. Il faut toucher à tout lorsque l’on arrive en athlétisme. Surtout que j’étais jeune. C’est vrai que c’était un sport complètement différent, un sport individuel. Il n’y avait pas la même approche. Je souhaitais donc toucher à tout pour savoir réellement là où j’allais vraiment m’orienter. J’ai donc fait un peu de sprint, de haies, de lancer, même avec mon petit gabarit (rires). Et j’ai fini par savoir que je voulais être une grande sprinteuse.
Cela a-t-il mis longtemps avant que tu ne choisisses cette discipline?
Au moins quatre ans. J’étais une sprinteuse à la base.
Sur une carrière de combien d’années?
Dix-huit ans. J’ai fait du sprint, plus particulièrement du 100m, les quatre premières années. Cela m’a permis de bien travailler ma pointe de vitesse. Ensuite, j’ai essayé de faire des haies. Un jour, j’ai vu l’américaine Gail Devers à la télé.
Avec ses longs ongles
Oui. J’étais très fan. Elle n’était pas plus grande que moi alors je me suis dit “pourquoi pas”. A l’époque, j’avais dit à ma mère “tu verras, je vais faire cette discipline là et je vais battre l’américaine à Atlanta”.
Tes points forts étaient surtout ton explosivité…?
Oui, j’ai eu cette chance d’avoir tout de suite cette belle explosivité. J’avais surtout de grosses qualités physiques d’après mes coaches. J’étais puissante naturellement malgré mon petit gabarit. Des qualités hors normes, un peu comme Olivier Nyokas dans l’équipe par exemple.
Ta carrière s’est achevée mais tu connais tout de même ton chemin dans le monde de l’athlétisme…
Oui, je continue. C’est bien parce que je peux m’épanouir à la fois dans mes deux sports préférés, même si ce n’est pas sur le terrain. A l’US Créteil Handball, M. Druais et M. Rémili m’ont permis d’avoir un peu de temps pour que je puisse entraîner des jeunes athlètes, à Montgeron et Combs-la-ville.
Pour l’instant, je suis jeune coach. Cela fait deux ans et demi que j’entraîne, aidée d’un assistant. J’ai eu beaucoup de demande. Une douzaine d’athlètes sont dans mon groupe dont une majorité sur les haies hautes (100m haies et 110m haies). Le reste est composé de sprinteurs et de triple sauteurs. Pour l’instant, je parviens à m’en sortir. Nous avons des résultats. On a rien sans rien alors on s’accroche.
En juin 2007, j’ai mis au monde mon enfant et mis fin à ma carrière. Lorsque j’ai perdu le poids que j’avais pris en étant enceinte, je me suis dit “pourquoi pas reprendre”. Je voulais voir si je pouvais le faire. J’ai fini sur une belle note en participant aux Championnats d’Europe en salle et aux Championnats de France. J’ai donc fini sur une belle satisfaction.
Dans le cadre de tes entraînements, tu es à la tête d’un beau projet qui est la Team PG…
La Team PG a été officiellement créée au mois de janvier 2012. Elle existe plus ou moins depuis l’été dernier mais les athlètes m’ont demandé d’officialiser la structure. C’était simplement à leur demande parce que me concernant, je continue à donner à l’athlétisme français de l’autre côté de la barrière mais ce n’était pas du tout dans ma motivation d’être coach. Au début je voulais finir ma carrière et passer à autre chose, m’occuper de ma famille et passer du temps avec mon fils. Les athlètes m’ont donné cette opportunité, ce nouveau challenge.
C’est donc une question de rencontre alors?
Oui je pense. J’ai essayé sans être motivé plus que ça. Et ça a fonctionné directement. Maintenant, je ne peux plus les laisser.
Récemment, les athlètes de ta team ont réalisé de belles performances aux derniers Championnats de France. Comment cela s’est-il passé?
Cela s’est très bien passé. Nous avons ramené deux titres de Champion de France et une médaille de bronze sur 60m haies. Bien d’autres athlètes ont bien brillé en accédant aux finales, en battant leurs records personnels. Tout y était.
Dans ces belles victoires, j’ai eu Pascal Martinot-Lagarde, un jeune garçon qui promet pour la suite. Reïna-Flor Okori sur 60m haies qui était une ancienne rivale quand j’étais athlète. Elle a su saisir sa chance en profitant des clés que je lui donne, pour devenir la reine des haies en France. Adrianna Lamalle médaille de bronze sur 60m haies ou encore Rosevita Okou et bien d’autres. D’après les dires, j’étais le coach avec le plus de participations aux Championnats et sur les podiums.
Les JO sont en ligne de mire?
A long terme oui. C’est vrai que j’aimerais bien que la Team PG soit bien représentée aux JO de Londres 2012. Il nous faudra bien nous préparer dans al dernière ligne droite. Avant cela, il y aura les Championnats du Monde à Istanbul avec Pascal qui a des cartes à jouer face aux meilleurs hurdlers du monde. Nous allons essayer.
La préparation de Londres suit le parcours de progression. Cela est toujours enrichissant de côtoyer les meilleurs athlètes au monde.
Participer à un championnat, même si c’est un championnat du monde, c’est important. Chez nous, cela va très vite. Nous ne sommes jamais à l’abri d’une blessure qui peut arriver en 7 secondes ou 10 secondes.. On peut voir toute une année de travail basculer. C’est donc bien de pouvoir participer à des championnats lorsque l’on a la possibilité de le faire.
L’athlétisme nécessite un gros mental parce que l’athlète s’entraîne pendant un an pour en quelque sorte est performant sur deux fois dix secondes ou vingt secondes…
Oui, c’est éprouvant. Nous ne pouvons pas compter sur un camarade parce que nous sommes seuls dans le couloir. Il faut rassembler toutes ses forces, toute la motivation que l’on a eu tout au long de l’année. Et le Jour J, tout peut arriver, plusieurs facteurs peuvent se rajouter avant le début de la course.
Quelles pourraient-être les similitudes entre le handball et l’athlétisme?
Pour côtoyer les joueurs de handball, certains ont cette capacité, cette grande qualité explosive de pied, une puissance hors normes, cela ressemble aux qualités requises pour être athlète. Sinon je pense que l’adage qui dit qu’il n’y a pas de victoires sans effort se retrouve dans ces deux sports. Le partage et le côté “famille” est présent aussi même si dans l’athlétisme, au moment d’être sur la piste, on ne peut être remplacé.
Quels sont tes meilleurs souvenirs de carrière?
Les Jeux Olympiques d’Atlanta en 1996. Je n’arrivais pas favorite du tout puisque j’étais dix-neuvième mondiale. Et j’ai dû vraiment aller au delà de mes limites. Je me suis découvert une mentalité de guerrière. Je savais que j’avais tout fait au niveau de la préparation physique. Il ne me restait plus que la condition mentale. J’ai eu la chance d’avoir tout cela ce jour-là. J’avais dit à mes parents que j’allais battre une américaine et je l’avais gardé à l’esprit. Pour moi cela a été vraiment beau parce que j’avais atteint mon rêve, monter sur un podium olympique.
Sinon, il y a eu les Championnats du Monde au Stade de France. Nous avons gagné avec le relais 4x100m avec Christine Arron, Muriel Hurtis et Sylviane Félix. Là ça a été une équipe. Nous avons su ce jour-là mettre toutes les chances de notre côté, chez nous à Paris. Nous étions imbattables et nous avons puni les américaines (rires). C’était vraiment un bon moment. Les spectateurs guidaient nos pas, c’était magique. Tout le monde criait.
Quel entraîneur t’a le plus marqué?
Je n’en ai pas connu beaucoup. En dix-huit ans de carrière, j’ai dû avoir trois ou quatre entraîneurs. Un sort vraiment du lot. Celui qui a su me donner la force de me surpasser, celui m’a tout donné, la sagesse, l’équilibre et surtout la confiance en soi. C’est François Pépin. Il a toujours été celui qui m’a guidé tout au long de ma carrière.