On parle beaucoup de Mario Lopez, l’exubérante recrue espagnole de la saison passée. Mais un Espagnol peut en cacher un autre. Et si notre gaucher aime prendre la lumière, Pablo Paredes, lui, n’en ressent pas le besoin. Réfléchi et discret, l’arrière gauche arrivé en juillet dernier n’en est pas moins un élément central de la défense des Béliers. “J’ai toujours été comme ça, sans avoir besoin de me mettre en avant. Je me suis demandé si je devais changer par le passé mais, désormais, je préfère rester moi-même” sourit celui qui dépasse facilement le double-mètre.
Comme un certain nombre de ses coéquipiers, il a pris son temps avant de quitter son Espagne natale. Fils d’un ancien joueur pro, qui a notamment porté pendant huit ans les couleurs du club basque de Irun, le jeune Pablo s’est évidemment intéressé au handball. Mais pas que…Doué à l’école, il se décide à passer ses diplomes d’ingénieur. “J’étais bon à l’école, oui” rigole-t-il quand on lui pose la question. “Il n’y a pas forcément de raison pour ce choix. Dans ma famille, il y avait déjà deux ou trois personnes qui faisaient ce métier, ça m’a paru naturel.”
Alors, notre tour de défense va mener de front, et ce pendant plusieurs années, son cursus universitaire et son parcours de handballeur professionnel. “C’était un peu chaud certains jours, mais ça ne me parait pas complètement fou. Je ne comprends pas les jeunes joueurs qui disent qu’ils ne peuvent pas faire des études alors qu’ils jouent un match par semaine” attaque Pablo, avant de concéder que sa carrière aurait peut-être été différente. “Peut-être que j’ai moins été concentré sur le handball pendant trois ou quatre ans, et que j’ai manqué quelques opportunités. Mais je ne changerais rien du tout à mon parcours.”
Au moins, son après-carrière est déjà assuré. Après avoir fait le tour de la question handballistique en Espagne, Pablo Paredes a pris, au printemps dernier, la décision de changer d’air. “J’avais mon diplôme en poche et j’avais envie de tenter l’aventure. Découvrir quelque chose de nouveau, parler une nouvelle langue, ça me travaillait et c’était vraiment le bon moment, je crois” explique-t-il dans un Français presque parfait. “Je l’ai appris à l’école mais j’avais un peu peur quand je suis arrivé à Créteil d’être perdu. Mais je me suis vite rendu compte que ça revenait, que je comprenais presque tout.”
La distance ne l’empêche pas de garder le contact avec sa famille restée en Espagne, qui suit d’un oeil attentif son évolution dans le Val de Marne. “Mon père m’appelle après chaque match pour me dire ce qui a été ou pas, il est très précis. Ma mère c’est plus : oh mais t’as bien joué !” continue Pablo, qui ne sait pas encore ce qu’il fera en fin de carrière. Retourner en Espagne sans doute. Mais dans le handball ? Pas si sûr…“Franchement, j’ai encore le temps. Avoir ces diplômes dans la poche me permet de ne pas stresser, de savoir que j’ai quelque chose qui m’attend. On verra où j’en suis dans dix ans !” En attendant, laissons le retourner dans une ombre qui lui va si bien…