En poste depuis début février, Dragan Zovko qui affiche un bilan de deux victoires en trois matches, a changé le visage de l’US Créteil Handball et nous livre quelques secrets.
Trois matches, deux victoires. Le premier bilan est plutôt satisfaisant…
Oui, je pense que nous pouvons être satisfaits. C’est un peu ce à quoi nous nous attendions étant donné que nous avons travaillé pour avoir ces résultats. Même si nous avons quelques regrets par rapport au match à Istres. Il nous manquait des joueurs dont Florent Le Padellec, Victor Boillaud et Frédéric Bakékolo. Et ça commence à faire un peu trop. Donc nous n’étions pas au complet mais ceux qui étaient présents là-bas n’ont pas non plus fait totalement leur job.
On sent que la défense s’est retrouvée puisque vous tournez à une moyenne d’environ 22 buts encaissés par match…
Par rapport aux 29/30 buts de moyenne que l’équipe avait auparavant, c’est bien mieux. Certes, Venio Losert nous a aidés face à Toulouse mais nous avons retrouvé une bonne défense. Les gars sont beaucoup plus solidaires. Nous avons rééquilibré les rôles dans le sens où chacun sait ce qu’il a à faire et ça fonctionne très bien comme cela.
Face à Toulouse, on a senti l’US Créteil en difficulté sur les ailes…
Nous avons fait avec les moyens du bord. Face à Toulouse, Bruno Arive et Olivier Nyokas ont eu du déchet au tir mais ils ne pouvaient pas faire plus que ça. Fabien Arriubergé n’a pas été mauvais non plus. Ensuite, il faut le temps pour que Frédéric Bakékolo revienne à son niveau. Olivier Nyokas a lui aussi besoin de temps pour se réadapter au poste d’ailier puisqu’il a surtout joué arrière depuis le début de la saison.
Ce que je voulais dire aussi c’est que je pense qu’il ne faut pas rentrer dans le détail des analyses, « qui apporte quoi ? »,… tout ceci est trop technique. Les joueurs sont des êtres humains qui ont besoin d’amour comme les autres. Il faut vraiment que les dirigeants, le public comprennent que nous sommes dans une mauvaise passe. Un joueur a besoin de se sentir aimé. Lorsque je suis arrivé, Créteil était un club qui ne devait pas descendre, qui était dernier. Il fallait changer les choses sur le plan tactique, physique mais aussi sur le plan mental. Sur ce dernier point, il est important qu’un joueur qui rate quelque chose ne pense pas qu’on va tout de suite lui couper la tête. Pour qu’il ne pense pas ça, il faut quelqu’un qui l’encourage.
Tout le monde est capable d’analyser par rapport aux statistiques. « 3/5, 3/6 », ce ne sont que des chiffres. Nous pouvons discuter de plein de choses. Mais il faut noter que les rôles ont changé, Olivier n’a plus le même rôle en défense. Il faut surtout souligner la générosité plutôt que la performance.
Ils commencent à prendre conscience qu’ils doivent travailler l’un pour l’autre et non l’un à côté de l’autre.
On sent que tu veux protéger tes joueurs…
Mais je pense que c’est mon devoir d’entraîneur que de faire cela, de les protéger. Je souhaite empêcher la dévalorisation de chacun, y compris celle de mon travail. Créteil est aujourd’hui une belle structure à laquelle il manque des choses que nous sommes en train de combler.
Bien sûr que les matches ne sont pas parfaits mais c’est comme avec mon fils. Je ne peux pas le critiquer. Même si je n’aime pas qu’il fasse les choses de telle façon, je vais le disputer mais je l’aime, c’est mon fils. Donc devant tout le monde, je le défendrai.
Le match de samedi était très important. On a senti les équipes crispées par l’enjeu…
J’ai essayé de dédramatiser l’enjeu du match. Ils m’ont dit qu’il y a deux-trois mois, ils auraient perdu ce match. Aujourd’hui, ils commencent à prendre conscience qu’ils doivent travailler l’un pour l’autre et non l’un à côté de l’autre. Tu ne peux plus faire la passe comme tu veux, la jeter et dire « Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? ». Je leur ai donc demandé de garder la tête froide. Je n’avais pas la sensation que nous étions crispés. Nous avons su gérer les moments faibles. Je pense que nous étions plutôt concentrés.
On vous voit très remuant sur le banc, vous vivez vraiment les matches…
Aujourd’hui, cette équipe manque de leadership. J’ai ce rôle de leader qui va donner des instructions et guider les joueurs. Uros ne parle pas encore assez bien français pour pouvoir se faire bien comprendre. Du coup, je suis plus actif, je relaie les informations. Il faut que je répète à Uros, que je répète aux joueurs, que je replace Julien…
Je ne pense pas mettre de pression aux arbitres. Je crois que je me maîtrise. Il m’arrive de parler un peu mais on en rigole. En tout cas, je suis concentré et je suis bien dans mon rôle de celui qui prend des décisions. Tu vois un chef d’orchestre ? Est-ce que tu peux imaginer un chef d’orchestre qui reste tranquille ? Et bien non…