Poser un regard sur la première partie de saison, faire le bilan comme dit la chanson, c’est toujours une bonne chose. Après six mois à la tête de l’équipe première, Pierre Montorier évoque la phase aller de son équipe, son travail avec son staff et les échéances à venir.
Pierre, ton équipe est troisième à la trêve. Quel est ton sentiment ?
P.M. : Mon sentiment c’est que si on me l’avait dit au mois d’août, j’aurais signé tout de suite. Je pense que c’était loin d’être gagné. Après, j’ai des regrets concernant les deux matchs nuls à Cherbourg et Dijon.
Il y a plus de regrets concernant les matchs nuls que les défaites à Nancy et Limoges ?
P.M. : Oui parce que je pense que Nancy avait été bien meilleur que nous sur ce match. À Limoges, c’est nous qui n’avons pas fait un bon match. Alors qu’à Cherbourg, nous avons le match en main, nous sommes devant pendant toute la rencontre. Ils égalisent à la dernière seconde, nous faisons une erreur sur la dernière attaque. Et puis Dijon, on mène et on doit le gagner.
La première victoire à l’extérieur est donc arrivée à Massy, lors de la dernière journée de la phase aller. Quel a été le déclic ?
P.M. : Peut-être le fait de jouer un derby en région parisienne. Je ne sais pas… En même temps, nous avions fait un match nul à Dijon, un à Cherbourg. La victoire commençait à pointer le bout de son nez. Ça allait bien arriver à un moment donné. Il fallait peut-être que les joueurs s’enlèvent une certaine pression et croient un peu plus en eux. Et je pense qu’ils en ont pris conscience.
« Nous sommes un club formateur, il y a beaucoup de jeunes du club qui s’identifient aux joueurs et c’est important que l’on renvoie une image positive du monde professionnel »
Pierre MONTORIER
La gestion des dix dernières minutes d’un match étaient un problème. À Massy, on a failli avoir le même scénario…
P.M. : Oui, bien sûr. Certains font encore des erreurs individuelles comme prendre « deux minutes » alors qu’on prévient de ne surtout pas le faire. Ce sont des erreurs qu’il va falloir gommer. Mais oui, je pense que cette victoire à l’extérieur va nous apporter plus de sérénité.

Autre satisfaction : Créteil est à la trêve, la meilleure défense du championnat. Au delà du symbole vis à vis de ton passé de joueur-défenseur, ce secteur du jeu était un de tes leitmotivs ?
P.M. : Oui, ça l’est même si, si on calcule en termes de volume horaire, nous avons passé davantage de temps à travailler les phases offensives. Je pense que notre bonne défense dépend en grande partie de Fabien Ruiz et Guynel Pintor qui réalisent un bon début de saison. C’est ce genre de choses qui font que notre défense va bien, lorsque les deux N°3 sont bons. Yoann Gibelin a aussi répondu présent lorsque l’on a eu besoin de lui. En principe, les autres se mettent au diapason.
L’efficacité de la défense dépend-elle de la solidarité du groupe qui est palpable depuis le début de la saison ?
P.M. : Je ne sais pas si cela va de paire. Pour moi, c’est sûr que cela fait un plus. En tout cas, -il faudra peut-être plutôt poser la question aux joueurs mais- nous sommes partis sur deux systèmes défensifs cette saison. Nous avons essayé avec Tito (NDLR : Christophe Esparre) et Chup’ (NDLR : Franck Chupin) de partir sur des choses claires et simples de répartition. Du coup, cela a permis de vite prendre. Ça a marché, tant mieux. Après, est-ce que cela aurait marché avec d’autres joueurs ? Je ne sais pas. Mais là, ça a l’air d’avoir fonctionné avec eux donc tant mieux. C’est vrai que le fait que les mecs s’entendent bien et fassent des choses ensemble à l’extérieur, ça aide mais pour moi, ce n’est pas un élément déterminant pour le jeu.
Malgré cette meilleure défense, les statistiques des gardiens ne sont pas pour autant les meilleures du championnat…
P.M. : Je pense que dans d’autres équipes, des gardiens jouent davantage comme à Chartres par exemple. Je pense qu’il faut davantage s’attacher au pourcentage. Dylan (NDLR : Soyez) a répondu présent dans son rôle. Micka (NDLR : Mickaël Robin) a été meilleur sur la fin et il le reconnait lui-même. Cela a été plus compliqué pour lui en début de saison. Là, il a fini ses études en parallèle donc il sera plus libéré. Je suis confiant à 100% pour la suite de la saison.

Sept matchs consécutifs sans défaites, ce n’est pas arrivé au club depuis la saison 2013-14 avec en capitaine un certain Pierre Montorier…
P.M. : Ah oui ? C’est bien parce qu’il y a quand même des matchs qui n’étaient pas gagnés d’avance. Gagner contre Saran à domicile, ce n’était pas fait. C’est surtout qu’à un moment donné, il ne faut pas tomber dans la simplicité qui dirait : nous avons tout gagné à domicile donc on restera invaincus. Si sur un match, on ne met pas les ingrédients qu’il faut, on perdra, c’est une certitude. Mais c’est toujours bien d’être dans une série positive. Il faudra la poursuivre sur la phase retour. Nous allons commencer par des matchs difficiles et finir par des matchs difficiles. Donc ça va encore être très long.
Sur la phase retour, il y aura des matchs compliqués, en plus des confrontations avec concurrents directs, comme des déplacements périlleux à Grenoble, Strasbourg et Vernon. Comment vas-tu aborder cette deuxième partie de saison ?
P.M. : C’est sûr que d’aller gagner des matchs chez des clubs à la lutte pour le maintien, ce ne sera pas facile. On va peut-être même perdre ces matchs-là. Il faudra parvenir à se remobiliser tout de suite si c’est le cas. Ce qui est sûr c’est que je ne vais pas dire qu’il faut oublier ce qu’il s’est passé parce qu’il y a beaucoup de bonnes choses. Il faut que l’on fasse le bilan des aspects moins bons et qu’on travaille dessus.
Quels sont les points positifs à la trêve ?
P.M. : La défense, dans un premier temps. Ensuite, je noterais l’état d’esprit des gars. Je pense que tout repartir à zéro à aider en ce sens parce que tout le monde a compris qu’il n’y avait pas de statut.
L’autre point positif est le public à domicile. Il y a quand même du monde qui vient et c’est très agréable. Ils commencent à venir à l’extérieur comme à Massy où ils nous ont beaucoup poussé. Cela me tient à cœur parce que je le dis beaucoup aux joueurs : nous sommes un club formateur, il y a beaucoup de jeunes du club qui s’identifient aux joueurs et c’est important que l’on renvoie une image positive du monde professionnel.
Certains joueurs font une bonne partie de saison, d’autres moins mais c’est le lot d’une équipe. À ceux qui sont un peu moins bons de travailler pour élever leur niveau de jeu. Mais nous sommes globalement satisfaits de ce qui a été réalisé.
Les points négatifs…
P.M. : L’aspect mental n’a pas été là, à certains moments. Ce n’est pas un manque de mental mais plutôt qu’à un moment donné, ils ont voulu trop bien faire et cela les a bridé dans leur manière de jouer. Ils ont trop essayé de forcer les choses tous seuls. Après, il y a toujours des points négatifs. Nous devons sûrement améliorer des choses à l’entraînement, dans le suivi médical des joueurs parce que c’est hyper important d’avoir tous les joueurs, au complet.
Tes impressions après six mois d’entraîneur de haut niveau d’une équipe de Proligue ?
P.M. : C’est ce à quoi je m’attendais parce que j’avais discuté avec des entraîneurs, j’ai pas mal écouté ce qu’on m’a dit. Et je pense qu’il faut passer du temps dans le management, c’est quelque chose qui me plait. Il faut être capable d’amener de la variété dans les entraînements. J’ai une petite déception, si on peut appeler ça déception… Je pensais que ce serait plus simple dans les relations avec des joueurs adultes. Ça l’était davantage la saison passée pour ma manière de fonctionner, quand je demande des retours des joueurs pour qu’ils me disent ce qui bloque,… Avec des joueurs pro, ce n’est pas pareil, il faut aller leur tirer les vers du nez. Hormis un ou deux, les autres ne vont pas venir d’eux-mêmes. Est-ce que c’est parce qu’ils n’ont pas l’habitude de le faire ? Est-ce que c’est parce que ma manière de travailler est nouvelle ? Je ne sais pas mais je pensais que cela aurait été plus simple.
Quels sont les objectifs du stage à Fontainebleau ?
P.M. : Tout d’abord, la remise en forme. Ensuite, les infrastructures à Créteil ne sont pas disponibles à la reprise alors nous nous expatrions. Et le stage de début de saison nous a fait du bien donc nous remettons ça. C’est toujours bien de passer du temps ensemble, de faire d’autres choses. Parce que même si les mecs sortent parfois ensemble, là nous passons cinq jours qu’entre nous. Nous avons le même quotidien. Nous allons prendre le temps de voir les joueurs un par un. Nous allons aussi faire évoluer le projet de jeu. Donc c’est intéressant d’être en stage.