Ce mercredi, Guéric Kervadec mettra un terme à sa carrière de joueur de Handball. Diaporama de son épopée longue de 22 ans.
Revenons sur ta formidable carrière. Quand as-tu commencé exactement le Handball ? Et ton premier match en D1 ?
Exactement?… (il réfléchit) A 16 ans, à Bellay. Et mon premier match en D1, c’était en 1990 à Vénissieux, j’étais rentré en défense pour deux minutes parce que je m’entraînais avec le collectif.
En tout et pour tout, tu as passé 11 ans de ta vie handballistique à Créteil. Qu’y a-t-il de spécial ici ?
Quand je suis arrivé ici après Nîmes, en 1994, le club m’a plu, les gens qui y travaillaient, l’ambiance qu’il y avait, les objectifs du club… Quand je suis parti en Allemagne, j’ai gardé de bons contacts avec les gens de Créteil. Et après mon périple allemand, il m’a semblé logique que je revienne ici.
A un moment, il était prévu que tu repartes à Magdebourg mais ton épaule a lâché. Conséquence : tu es resté à Créteil…
Effectivement, mon épaule a lâché et je ne me voyais pas arriver à Magdebourg et ne pas être à 100%. Ils me voulaient aussi par rapport à ce que je pouvais représenter, vis-à-vis des jeunes notamment. Mais j’y allais aussi en tant que joueur et pas en tant que psychologue ou coach adjoint. Donc ça a été un choix de rester ici. Et puis, Créteil ne m’a pas dit « ah bah non, tu dois partir ».
L’Allemagne a-t-elle changé ta façon de voir le Handball ?
Oui, au niveau professionnalisme, oui. Parce que déjà, l’esprit allemand, la rigueur allemande, ce ne sont pas seulement une légende, c’est la réalité. Ce n’est pas qu’au niveau du Handball mais aussi des gens eux-mêmes. Il ne faut pas croire qu’ils sont bêtes et disciplinés. La majorité des gens aiment la droiture, le respect, la franchise,… Et quand on te dit c’est comme ci, tu ne vas pas essayer de faire comme ça sinon, tu en assumes les conséquences.
Bref, au niveau du mode de vie, il y a beaucoup de choses dans leur quotidien qui font que je me retrouve dans leur façon de penser.
As-tu des regrets de ne pas être allé jouer dans tel ou tel club ?
Non. A un moment, j’ai eu la possibilité de jouer à Barcelone, quand j’étais à Créteil. Je n’y suis pas allé parce que j’étais encore sous contrat. Après, je suis parti à Magdebourg. Je me dis que si j’étais allé à Barcelone, j’aurais peut-être fait une carrière différente mais ce que j’ai connu à Magdebourg, c’est quelque chose de magique. Donc je ne peux pas avoir de regrets.
Après, je peux peut-être avoir le regret de ne pas avoir fait le championnat du monde en 2001 en France. J’ai fait une pause après les JO en 2000. C’était plus moi et mon esprit. Je n’arrivais pas à jouer et travailler des gens dont je n’acceptais pas le comportement, les faits et gestes. Je voulais être en phase avec moi-même. Alors les regrets ne sont pas sur le fait de rater un titre mais c’est plus de ne pas avoir connu l’effervescence d’un mondial à la maison.
Tu as eu une fin de carrière mouvementée avec un départ à la retraite puis un retour sur les parquets. Tu te sentais bien pour revenir ou tu t’es forcé ?
Non, je me sentais bien physiquement même si au niveau du souffle, c’était un petit peu dur au début. Si je m’étais forcé, je n’aurais pas remis le short. J’avais surtout des inquiétudes pour l’épaule, si elle allait tenir ou non malgré le fait que je n’ai pas fait de rééducation. Au fur et à mesure des entraînements, j’ai vu que ça tenait et on a essayé.
Tu as un peu connu le poste de Directeur Sportif dans les tribunes. Est-ce frustrant de ne pas pouvoir aider sur le terrain ?
La situation était frustrante parce que j’ai arrêté à cause d’un problème d’épaule et non d’envie. C’était vraiment un problème physique. Du coup, c’était difficile de couper comme ça parce que j’étais encore joueur dans l’âme mais c’est normal, après 22 ans de carrière. Du coup, oui, je me suis senti impuissant. J’ai essayé de remplacer cela par des choses, des petits clins d’œil quand les joueurs me regardent. C’était très dur mais ce n’est pas grave. Je suis passé du côté obscur de la force maintenant (rires). Cela n’a pas été facile et ça va sûrement continuer à ne pas être facile. Je m’y prépare mais la transition n’est pas évidente.
Qu’as-tu envie de répondre aux gens qui disent “Un passage en D2, cela ne peut pas faire de mal”?
Non, mais des fois, cela peut permettre… Je ne dis pas que c’est réjouissant de descendre, ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit. Si on pouvait rester en D1, je signerais tout de suite. Mais là, nous sommes en D2. Je pense que nous avons tous pris une claque même si nous nous y attendions étant donné le jeu produit tout au long de la saison. Nous voyions par rapport aux matches que nous ne gagnions pas.
Peut-être que cela va permettre de reconstruire, de casser des habitudes qui étaient peut-être installées. Nous avons déjà fait une bonne analyse du pourquoi nous en sommes arrivés là. Il y a des remises en question à tout niveau. Et c’est comme que nous allons rebondir. C’est sûr que nous allons repartir avec des valeurs que nous avons perdues.