Surtout, n’enfermez pas Dylan Soyez, notre gardien de but, dans la case des “rescapés de la vie”. Lui-même ne veut pas de cette étiquette. Bien sûr que, quand on n’a que 25 ans, avoir battu le cancer, ça change la vie, mais notre Bélier ne veut pas qu’on s’attarde sur son cas. “Ca fait partie de ma vie, ça m’a construit, mais désormais, c’est derrière moi” résume-t-il. Pourtant, certains auraient sans doute laissé tout tomber à l’évocation du diagnostic. Pour Dylan, c’était en 2019, peu avant les fêtes de Noël, mais tout de suite, il a relevé la tête et regardé devant : “Reprendre le handball, retrouver une vie normale, ça a toujours été le but pour moi. Une motivation, même dans les moments plus compliqués.”
Et une vie normale, cela passe forcément par du handball au quotidien. Dylan Soyez fête sa guérison à Saint-Brieuc en juin 2019, en même temps que les Cristoliens célèbrent leur montée en Starligue. Et depuis, on a l’impression que tout est reparti comme avant. “Je pense que je savoure plus la vie, pas seulement le handball. La famille, les gens qu’on aime, on prend parfois ça pour argent comptant alors que ça ne tient pas à grand-chose” sourit notre portier, qui ne cache pas qu’il a aussi un peu gagné en maturité : “On me le disait déjà toujours avant, mais c’est sûr que je suis sorti grandi de cette épreuve.”
Nul doute que l’épreuve l’a fait grandir en tant qu’homme, mais sur le terrain aussi, notre bélier a pris un peu de recul sur les choses. Et au vu de ses performances, meilleures d’année en année, il en est clairement ressorti plus fort. Après quelques années à apprendre le métier aux côtés de Mickaël Robin, il est désormais le plus expérimenté sur le poste. Comment gère-t-il cela ? “C’est un nouveau rôle pour moi, mais Dragan Pocuca est là pour m’aider à l’appréhender. On parle et on analyse beaucoup, je dis souvent qu’il me cadre. Pendant les matchs notamment, il est là pour ne pas que je sorte du truc après quelques actions moins bonnes.”
Normal, peut-être d’avoir besoin d’être accompagné quand on a commencé le handball à 14 ans et qu’on a encore attendu pour croire qu’on pouvait devenir professionnel. D’ailleurs, Dylan Soyez est bien capable de citer un exemple qu’il regardait en grandissant. “Il faut être honnête, je ne regardais pas beaucoup de hand, plus du foot à la télé” avoue ce grand passionné de sports en général, venu au handball parce que “tous mes potes de la campagne y étaient, alors je les ai suivies.”
Sa campagne, notre portier adore y retourner tout comme il garde toujours un peu de temps pour s’adonner à son passe-temps favori : la cuisine. S’il n’avait pas été joueur professionnel, il ne fait guère de doute que c’est aux fourneaux qu’il aurait fait carrière. D’ailleurs, l’idée d’y aller un jour ou l’autre est toujours dans un coin de sa tête. “C’est un truc qui me passionne. J’ai le rêve un peu fou d’avoir un food-truck ou de bosser en cuisine à la fin de ma carrière”décrit celui qui a pendant longtemps passé une soirée par semaine à regarder Top Chef. En attendant c’est lui qui est aux manettes dans l’arrière-boutique de l’US Créteil, et la toque lui va à ravir.