Première partie de cette interview bilan de l’entraîneur de l’équipe 1 de l’US Créteil Handball. Dragan Zovko revient pour USCHB.fr sur ses six mois cristoliens.
Dragan, comment as-tu vécu cette fin de saison?
Personnellement, mal. Je pense que quand tu es convaincu que quelque chose est faisable, que pendant une bonne partie de la route, tu vois que c’est faisable et qu’à la fin, tu échoues à si peu, je crois que tu peux ne pas être content. Je suis déçu de ne pas avoir réussi ce challenge avec les garçons. Je suis déçu pour eux, pour le club, pour le handball. Maintenant, il faut tourner la page et continuer.
Ce qui est dommage c’est que sur la fin, nous avons dû faire sans Venio et Uros. Ce n’est pas dans mon style de chercher des excuses mais déjà que c’était difficile, alors des matches décisifs comme Cesson et Aurillac sans ces deux joueurs-clé, ça devient très difficile.
Par rapport à la prestation de ton équipe contre Montpellier, as-tu des regrets ?
Les regrets, non. Il ne faut pas que l’on s’enflamme là-dessus. Pour ce match, je préfère que nous gardions cette note positive, pour le public qui a eu mal de voir ça. Mais c’est la vie. D’autres clubs comme Paris sont descendus et sont remontés, se sont reconstruits. Gummersbach devait il y a dix huit mois, déposer le bilan. Tout partait mal et finalement, cette année, ils gagnent la Challenge Cup et jouent les qualifs pour la Champions League.
Mais pour revenir au match de Montpellier, c’est face à cette équipe tout comme Chambéry ou Dunkerque, que notre équipe s’est souvent surpassée. Mais les matches qu’ils doivent gagner, ils ne les gagnent pas. Si tu regardes bien, face à Chambéry, nous ne sommes pas ridicules, face à Dunkerque aussi, Ivry,… Le problème est que face à Aurillac, tu perds deux fois. Face à Cesson, on fait un match nul et une défaite… C’est cela que j’appréhende en Division 2 et sur ce que je dois travailler. Si nous nous prenons pour les meilleurs juste par nos noms, nous n’avons rien compris. Au contraire, nous sommes attendus et tous les adversaires seront motivés face à nous. Aussi, si nous ne faisons pas le travail, nous sommes mauvais et nous nous pénalisons tout seul.
Montpellier est arrivé tranquille et a débuté le match avec sûrement un peu trop de confiance. Après, ils ont fait jouer le métier. Mais de ce match, il faut en tirer des conséquences. L’année prochaine, nous n’avons pas une équipe pour jouer les matches en dilettante. Nous devons chaque fois être à 100% pour ne pas faire espérer les autres. Du coup, nous devons construire une équipe de guerriers, prête à bouffer le parquet.
Jouer à 100% les matches, c’est ça le Championnat de France de Division 2?
100% ? Pas sûr. A 130%.. Et encore… L’US Créteil a un palmarès mais ce n’est pas lui qui joue, ce sont les joueurs. Ils vont mourir pour Créteil, sur le parquet, l’un pour l’autre. Il ne faut pas que ce soit une somme d’individualités qui attendent que ça se passe. Il nous faut minimum vingt victoires l’année prochaine, sur vingt-six matches. Et pour ce faire, il faut bien se préparer et ne pas se tromper dans le casting. Surtout, il faut bouffer le parquet. Il n’y a que la victoire qui est belle. Les mômes ici ont oublié ce qu’est de gagner. Ils n’ont gagné que cinq fois ici. C’est peu. Donc maintenant, ils doivent commencer à apprendre à gagner, à ne pas avoir peur de la victoire et qu’ils comprennent surtout qu’il faut que nous soyons à 130%. Et que derrière, la tête soit froide et lucide. La Division 2 est motivante. Nous allons à Billère pour le premier match, c’est motivant pour eux de recevoir Créteil. En plus, le relégué est souvent haï.
Vous vous sentez attendus… ?
Je ne me sens pas attendu, je le sais que nous le sommes. Je suis entraîneur depuis vingt ans, je sais comment cela se passe. Même si ce n’est pas quelque chose de très catholique mais je me mets à la place des autres, et si je suis entraîneur d’Aix, je dis à mes joueurs : « Bon, il y a les cristoliens qui viennent, il faut que l’on montre aux stars ce que c’est. » Donc je veux une équipe guerrière, humble, qui a faim de victoires, une équipe qui est capable de se surpasser constamment, qui sait ce qu’elle veut. Aujourd’hui, l’US Créteil est la seizième équipe du Handball français parce qu’il y en a quatorze et que nous sommes descendus.
Donc l’année prochaine, il faut que nous soyons treizième et Champion de D2. Ce sera difficile. Et l’année d’après, l’USC doit continuer à grandir et revenir parce que l’on ne revient pas comme ça. Il faut que l’on redevienne une équipe huitième ou neuvième parce que cette année, avec 20 points, tu es à cette place. Mais il faut vouloir aller plus loin. Et donc, ce n’est pas avec des noms que nous allons avancer. Nous nous en fichons des noms. Ce qui compte c’est ce qu’ils produisent sur le terrain. Et ça, nous avons deux ou trois mois pour faire comprendre cela.
Et tu parlais d’humilité donc…
Oui, surtout l’humilité. Il faut une équipe en contact avec son public. J’ai aussi huit ou neuf mômes qui vont intégrer l’effectif. Tout n’est pas mauvais à Créteil, au contraire. Le club est très bien structuré, même peut-être trop bien comme disent certains. Mais c’est un des mieux structuré de France. On a misé sur la jeunesse contrairement à d’autres équipes qui ont recruté des trentenaires. L’année prochaine, au poste de gardien (NDLR : l’interview a été réalisée avant la signature de Dragan Jerkovic), nous avons Jordan, Jérémy ou les deux, Hugo Descat, Sambou Sissoko, Florent Le Padellec, Frédéric Bakékolo, Quentin Minel, Adrien Ballet, Maxime Van Baar et plein d’autres. Il y a du monde. Il va falloir que les autres se bougent un petit peu. Alors, est-ce que ce sera Hugo Descat au poste d’ailier ou Olivier Nyokas ou Frédéric Bakékolo ou Pierre Zouagui ? Je n’en sais rien. Ce sera le meilleur qui jouera. Donc l’idée est celle du guerrier. Le mec sur le banc, quand tu l’intervieweras, sera obligé de dire que s’il ne joue pas, c’est parce que le mec à son poste est meilleur que lui et qu’aux entraînements, il a donné plus que moi et donc qu’il mérite plus. Ici, on attendait que quelqu’un se casse le pied pour jouer. Et bien non, maintenant, on travaille. Créteil doit revenir sur ces valeurs de travail.