Avant de disputer ce qui sera son dernier match de handball à ce niveau, l’emblématique Mohamed MOKRANI est revenu pour USCHB.fr sur ses motivations à mettre un terme à sa carrière de joueur professionnel. Entretien avec un handballeur qui aura marqué le Championnat de France et les trois clubs qu’il a connus.
Mohamed, tu arrêtes ta carrière jeudi soir, qu’est-ce qui a motivé ta décision ?
Après dix-huit années de bons et loyaux services (NDLR : il a commencé au haut niveau en 1998-1999), la décision est à la fois simple à prendre et difficile. C’est un choix de vie et professionnel dans le cadre de ma reconversion. J’ai eu la chance d’être pris dans une école de kinésithérapie. Cela devenait incompatible de poursuivre une dernière année avec Créteil et en même temps, entamer ce type d’études et avec les exigences que cela comporte. J’ai donc à ce moment-là de ma carrière, revu mes priorités. Je crois que c’est le bon moment pour moi d’arrêter ma carrière de joueur professionnel. Je ne sais pas encore si je vais continuer à un niveau inférieur. En tout cas, au niveau de la Lidl Starligue, cela a été ma dernière saison.
Sur ce match Créteil/Cesson-Rennes jeudi. T’attends-tu à de l’émotion ?
C’est paradoxal parce que j’ai du temps pour penser à tout ça mais ce temps-là est surtout accaparé par l’envie de voir Créteil maintenu en LSL. L’enjeu, la situation de l’équipe me préoccupe davantage. Je me concentre sur notre prochain adversaire. En tout cas, je n’arrête pas par défaut. C’est plutôt le choix de la sagesse. Ma reconversion est très importante.
On sent ta décision mûrement réfléchie. Elle revêt beaucoup de symboles, notamment celui – tu l’as dit – de la reconversion, qui fait partie de la carrière d’un joueur et dont on ne parle peut-être pas assez…
C’est vrai que c’est un ensemble d’éléments à la fois personnels, familiaux qui font qu’à un moment donné, on prend cette décision. C’est un choix qui a été dicté par cette entrée dans cette école. C’est aussi le moment pour profiter en famille et passer plus de temps avec eux. Peut-être aussi avec moins de pressions et d’exigences qu’on peut avoir lorsqu’on évolue au plus haut niveau. Une page se tourne, une nouvelle s’ouvre. Je ne suis absolument pas triste. Au contraire, je suis très heureux. On verra à la fin du match… Déjà le maintien et les émotions viendront sûrement.
Tu donnes rendez-vous là…
Oui, on a besoin de tout le monde. Le match est décisif. Pour une fois, nous avons notre destin entre nos mains. On n’a plus de chances d’obtenir le maintien en gagnant. Il faut que l’on fasse le maximum. J’espère un Palais des Sports plein. Je ne savourerai cette sortie à sa juste valeur, que lorsque l’on sera maintenus.
Du coup, on t’attend au Palais des Sports pour un jubilé Mohamed MOKRANI…
(sourire) Ah, ça peut être une bonne idée. J’ai eu beaucoup d’émotions durant ma carrière, des expériences très riches. On découvre des gens, des coéquipiers qui peuvent devenir des amis. Tout cela me marquera à jamais. À chaque fois, découvrir un club, une ville avec tout ce que cela comporte : les salariés, le public, les bénévoles. Je pense que c’est cela qui va me marquer. Le plus important est selon moi, que ces liens durent.